Quelles sont les étapes de la post-édition en traduction ?
18 octobre 2024Définition élargie de la post-édition et son contexte
À l’ère de l’intelligence artificielle (IA) et de la démocratisation de la traduction automatique (TA, ou MT pour Machine Translation), la post-édition s’est imposée comme une compétence et un métier incontournables dans l’industrie linguistique moderne. Ce processus, qui consiste pour un post éditeur humain à effectuer une révision et à améliorer une traduction générée par un système de traduction automatique, représente un maillon essentiel pour garantir des traductions de haute qualité. La post-édition combine l’efficacité brute des machines à l’expertise nuancée de l’humain, souvent un traducteur expérimenté spécialisé dans ce métier.
Mais qu’est-ce exactement que la post-édition ? Il s’agit de la définition même de transformer un texte brut issu d’un moteur de traduction automatique – souvent imparfait, parfois contenant des erreurs de sens ou des non sens – en un document fluide, précis, et parfaitement adapté aux attentes du public cible et aux exigences du projet. Cette pratique permet de tirer le meilleur parti des avancées technologiques de la MT, tout en préservant la finesse linguistique, le style approprié et les nuances culturelles que seul un expert humain, le post éditeur, peut apporter. On parle souvent de post-editing en anglais, terme largement utilisé dans le secteur.
L’importance de la post-édition (souvent abrégée en PE) ne saurait être sous-estimée dans le paysage actuel de la traduction. Elle permet non seulement d’accélérer considérablement le processus global de traduction, en particulier pour de grands volumes de contenu, mais aussi de maintenir un niveau de qualité élevé, souvent à un coût potentiellement inférieur à une traduction humaine complète partant de zéro. Pour les entreprises et les organisations internationales gérant un grand nombre de pages et de documents multilingues, la post-édition est un moyen efficace de traiter ce contenu sans compromettre la clarté du message, la cohérence de la terminologie ou l’image de marque. C’est une évolution majeure dans le métier de la traduction.
Distinction : Post-édition légère vs Post-édition complète
Il est crucial de distinguer deux niveaux principaux d’intervention en post-édition, car les attentes de qualité varient considérablement :
Post-édition légère (Light PE) :
L’objectif principal est de rendre le texte compréhensible. Le post éditeur corrige les erreurs majeures de sens (non sens, contresens), la grammaire qui empêche la compréhension, et les fautes d’orthographe critiques.
Le style et la fluidité ne sont pas la priorité absolue, mais le texte doit être intelligible. Cette post-édition légère est souvent utilisée pour des contenus internes, des informations à traiter rapidement, ou lorsque le budget est très limité.
Post-édition complète (Full PE) :
L’objectif est d’atteindre un niveau de qualité comparable à une traduction humaine. En plus de corriger toutes les erreurs de la traduction automatique, le post éditeur retravaille le style, la fluidité, la terminologie, l’ordre des mots et l’adaptation culturelle pour que le texte final soit non seulement correct, mais aussi naturel et engageant pour le lecteur cible.
C’est le niveau requis pour la plupart des contenus destinés à être publiés ou à représenter l’entreprise. On parle ici de post édition professionnelle.
Le choix entre post-édition légère et post-édition complète dépendra du projet, du type de contenu, de l’utilisation finale du document, et bien sûr, du budget et des délais.
Dans cet article, nous allons explorer en détail les étapes essentielles qui composent un processus de post-édition efficace, qu’elle soit légère ou complète. Ces étapes, fruit de l’expérience de professionnels chevronnés (traducteurs et post éditeurs) et des meilleures pratiques de l’industrie, vous guideront vers une approche structurée et performante de la PE.
Comprendre ce processus est clé, que vous soyez un client, un chef de projet dans une agence de traduction, ou un linguiste souhaitant se spécialiser dans le métier de post éditeur.
Étape 1 : Analyse préliminaire – Les fondations d’une post-édition réussie
La première des étapes, souvent négligée mais absolument cruciale, est l’analyse approfondie du texte source et de la traduction automatique (TA) générée. Cette phase pose les fondations d’une post-édition efficace et détermine la stratégie d’édition à adopter.
Commencez par une lecture attentive du texte source dans sa langue source. Identifiez le ton, le style, l’objectif du document et les domaines spécifiques abordés. Est-ce un texte technique, marketing, juridique, ou un simple article de blog ? Quel est le public cible ? Ces éléments et cette information guideront vos décisions d’édition tout au long du processus de post-édition.
Examinez ensuite la traduction automatique (MT output). Ne vous contentez pas de repérer les erreurs évidentes. Cherchez à comprendre les forces et les faiblesses du moteur de traduction automatique utilisé.
Certains systèmes, comme des versions avancées de Google Translate ou Bing Translator (ou des moteurs propriétaires), excellent dans la terminologie technique mais peinent avec les expressions idiomatiques ou le style.
D’autres machines maintiennent une bonne cohérence sur l’ensemble du texte mais peuvent avoir des difficultés avec certaines structures grammaticales complexes ou l’ordre des mots. Évaluer la qualité initiale de la TA est fondamental.
Prenez des notes sur les types d’erreurs récurrentes. S’agit-il principalement de problèmes de sens, de style, de terminologie, ou de grammaire ?
Cette analyse vous permettra d’établir une stratégie de post-édition adaptée (légère ou complète) et d’estimer plus précisément le temps nécessaire pour finaliser le document. Le nombre d’erreurs et leur nature impactent directement l’effort requis.
N’hésitez pas à utiliser des logiciels d’aide à la traduction (CAT tools) qui intègrent des fonctionnalités d’analyse comparative entre le texte source et la traduction automatique. Certains logiciels spécialisés peuvent aider le post éditeur à identifier rapidement les segments problématiques et à évaluer la qualité globale de la MT.
Enfin, et c’est primordial, assurez-vous de bien comprendre les attentes du client en termes de qualité finale et le type de post-édition requis (post-édition légère ou post-édition complète).
Une PE légère, visant simplement à rendre le texte compréhensible, ne nécessitera pas le même niveau d’intervention qu’une PE complète destinée à produire un texte de qualité publiable, indiscernable d’une traduction humaine directe. Ces attentes doivent être claires dès le début du projet.
Étape 2 : Correction des erreurs de sens – Le cœur de la post-édition
La deuxième étape, peut-être la plus critique de la post-édition, consiste à corriger les erreurs de sens dans la traduction automatique. C’est ici que l’expertise linguistique du post éditeur, sa connaissance des domaines traités et sa compréhension du contexte jouent un rôle primordial pour assurer la fidélité du contenu. Les machines sont performantes, mais la compréhension fine reste humaine.
- Les contresens : Commencez par identifier et corriger les contresens flagrants. Ce sont les erreurs les plus graves, où la traduction automatique a complètement inversé ou dénaturé le sens du texte original. Par exemple, une négation omise ou ajoutée peut changer radicalement le message. Ces erreurs doivent être corrigées en priorité car elles peuvent avoir des conséquences sérieuses, notamment dans des domaines sensibles comme le médical, le juridique ou le financier. Un non sens doit être éliminé.
- Les faux sens : Concentrez-vous ensuite sur les faux sens. Il s’agit de traductions incorrectes mais moins flagrantes que les contresens. Elles peuvent provenir d’une mauvaise interprétation du contexte par la machine. Par exemple, le mot « table » en anglais pourrait être traduit par « tableau » en français alors que le contexte indique qu’il s’agit du meuble. Le post éditeur doit avoir l’œil pour ces subtilités.
- Les nuances et subtilités : Portez une attention particulière aux nuances mal rendues. Les systèmes de traduction automatique (MT) ont souvent du mal avec les expressions idiomatiques, l’ironie, l’humour ou les références culturelles spécifiques à la langue source. Votre rôle en tant que post éditeur est de restituer ces éléments pour préserver l’intention et le ton du texte original dans la langue cible.
- Cohérence terminologique : N’oubliez pas de vérifier la cohérence de la terminologie. Si un terme technique est correctement traduit dans une partie du texte mais pas dans une autre, harmonisez-le. Utilisez les glossaires fournis par le client ou les agences, ou créez le vôtre au fur et à mesure pour maintenir la cohérence des termes clés. C’est essentiel pour la qualité professionnelle.
- Les faux amis : Méfiez-vous des « faux amis » et des traductions littérales inappropriées. La traduction automatique peut parfois produire des calques linguistiques qui, bien que grammaticalement corrects, ne sont pas idiomatiques dans la langue cible. Le traducteur devenu post éditeur saura les repérer.
- Omissions et ajouts : Enfin, soyez vigilant aux omissions et aux ajouts injustifiés. La TA peut parfois « oublier » des segments de phrase, des mots, voire des phrases entières, ou au contraire ajouter du contenu non présent dans l’original. Assurez-vous que chaque élément d’information du texte source est correctement représenté dans la traduction, sans ajout ni omission non justifié.
Cette étape d’édition est fondamentale : sans correction précise du sens, les étapes suivantes perdent leur valeur. C’est le travail de fond du post éditeur.
Étape 3 : Amélioration de la fluidité et du style – Donner vie au texte post-édité
Une fois les erreurs de sens corrigées, la troisième étape de la post-édition consiste à améliorer la fluidité et le style du texte. C’est ici que le post éditeur transforme une traduction correcte mais souvent mécanique et répétitive issue de la machine en un texte qui sonne naturel et agréable à lire dans la langue cible. Cette étape est particulièrement importante pour la post-édition complète.
- Structure des phrases : Commencez par restructurer les phrases qui suivent trop littéralement la structure de la langue source. Les systèmes de TA ont tendance à produire des calques syntaxiques (mauvais ordre des mots, par exemple) qui, bien que compréhensibles, ne reflètent pas les tournures naturelles de la langue cible. N’hésitez pas à réorganiser l’ordre des mots, à scinder les phrases trop longues ou à en fusionner de trop courtes pour améliorer la lisibilité et le rythme.
- Connecteurs logiques : Portez une attention particulière aux connecteurs logiques et aux transitions entre les idées. La traduction automatique peut parfois les omettre, les utiliser de manière incorrecte ou répétitive, ce qui nuit à la cohérence globale du texte. Ajoutez ou modifiez ces éléments pour assurer un enchaînement fluide des idées.
- Registre et ton : Adaptez le registre de langue et le ton au public cible et au type de document. Un texte technique n’aura pas le même style qu’un article de blog ou un communiqué de presse. Assurez-vous que le vocabulaire et les tournures (mots, phrases) utilisés correspondent aux attentes du lecteur et à l’intention communicative du texte. Respecter le style demandé par le client est crucial.
- Variation lexicale : Travaillez sur la variation lexicale. Les systèmes de MT ont tendance à répéter les mêmes termes ou structures, ce qui peut rendre le texte monotone. Utilisez des synonymes et des périphrases pour enrichir le vocabulaire, tout en veillant à ne pas compromettre la précision de la terminologie validée à l’étape précédente.
- Collocations et idiomes : Soyez attentif aux collocations (combinaisons naturelles de mots) et aux expressions idiomatiques. La TA peut produire des combinaisons de mots qui, bien que grammaticalement correctes, ne sont pas naturelles dans la langue cible. Remplacez-les par des expressions équivalentes couramment utilisées par les locuteurs natifs.
- Ponctuation : N’oubliez pas l’importance de la ponctuation. Les règles typographiques et de ponctuation varient souvent d’une langue à l’autre (ex: guillemets en français vs anglais, usage des virgules). Ajustez la ponctuation pour qu’elle corresponde aux conventions de la langue cible, ce qui contribuera grandement à la fluidité de la lecture et à la qualité perçue du document.
- Lecture à haute voix : Enfin, une astuce de traducteur et de post éditeur expérimenté : lisez le texte à haute voix. Cette technique simple mais efficace vous permettra de repérer les passages qui « sonnent faux », manquent de naturel ou dont le rythme est haché. Si une phrase vous fait trébucher à la lecture, c’est probablement qu’elle nécessite encore des ajustements d’édition.
Étape 4 : Vérification de la terminologie spécifique – La précision au cœur de la post-édition
La quatrième étape du processus de post-édition se concentre sur la vérification et l’harmonisation de la terminologie spécifique.
Cette étape est cruciale, en particulier pour les textes techniques, scientifiques, juridiques ou tout autre domaine spécialisé où la précision et la cohérence des termes sont primordiales pour la crédibilité du contenu.
- Ressources terminologiques : Commencez par consulter les ressources terminologiques fournies pour le projet (par le client ou l’agence). Il peut s’agir de glossaires, de bases terminologiques (TB), ou de mémoires de traduction (TM). Ces outils sont précieux car ils contiennent souvent des termes spécifiques à l’entreprise ou au secteur d’activité, qui peuvent différer des traductions standard proposées par les moteurs de TA génériques comme Google Translate ou Bing Translator. L’utilisation de logiciels CAT facilite cette vérification.
- Identification et vérification des termes clés : Identifiez les termes clés du domaine dans le texte source et vérifiez systématiquement leur traduction dans la langue cible. Même si la traduction automatique a correctement traduit un terme technique dans une partie du texte, la machine peut avoir utilisé un synonyme ou une variante incorrecte ailleurs. Assurez-vous de l’uniformité de la terminologie tout au long du document. La cohérence est une marque de qualité.
- Acronymes et abréviations : Soyez particulièrement vigilant aux acronymes et aux abréviations. Selon le contexte et les conventions du domaine ou de la langue cible, certains doivent être conservés tels quels, d’autres traduits, et d’autres encore explicités lors de leur première occurrence. Vérifiez les pratiques en vigueur dans le secteur concerné et dans la langue cible.
- Recherche terminologique : N’hésitez pas à faire des recherches supplémentaires pour les termes complexes, ambigus ou nouveaux. Consultez des ressources spécialisées (bases de données, dictionnaires spécialisés, articles scientifiques) ou des experts du domaine si nécessaire. La précision de la terminologie peut faire toute la différence dans la qualité et la crédibilité du document final. C’est une compétence clé du post éditeur professionnel.
- Néologismes et termes émergents : Portez une attention particulière aux néologismes et aux termes émergents, surtout dans les domaines en rapide évolution comme la technologie, la médecine ou le marketing digital. La traduction automatique (MT) peut ne pas être à jour avec les dernières conventions terminologiques. Assurez-vous d’utiliser les termes les plus récents et les plus largement acceptés dans la communauté professionnelle concernée.
- Unités de mesure et formats : Vérifiez également la cohérence et l’adaptation des unités de mesure, des formats de date, des devises et des numéros de téléphone, qui peuvent varier selon les pays et les langues. Par exemple, convertissez les pouces en centimètres ou adaptez le format des dates (jj/mm/aaaa vs mm/jj/aaaa) selon les conventions de la langue et du pays cibles.
- Glossaire de projet : Enfin, créez ou mettez à jour un glossaire spécifique au projet. Cet outil sera précieux pour maintenir la cohérence terminologique sur l’ensemble du document et pourra être réutilisé pour de futurs projets similaires, améliorant ainsi l’efficacité à long terme de la post-édition et de la traduction automatique elle-même si le moteur est entraînable.
Étape 5 : Conformité aux directives du client – L’adaptation sur mesure de la post-édition
La cinquième étape du processus de post-édition (PE) consiste à s’assurer que le texte respecte scrupuleusement les directives spécifiques fournies par le client ou l’agence de traduction.
Cette étape est essentielle pour garantir que le document final répond non seulement aux standards de qualité linguistique définis (pour une post-édition légère ou complète), mais aussi aux attentes et aux besoins particuliers du projet.
- Lecture des instructions : Commencez par relire attentivement les instructions du projet. Les clients ou agences fournissent souvent un cahier des charges détaillé (briefing) qui peut inclure des préférences stylistiques, un guide de style, des règles de formatage spécifiques, une liste de termes à ne pas utiliser, ou des instructions sur la manière de traiter certains éléments du texte (noms de marque, titres, etc.).
- Préférences stylistiques : Vérifiez les préférences stylistiques du client. Certaines entreprises ont des guides de style internes qui dictent, par exemple, l’utilisation de certains termes plutôt que d’autres, le niveau de formalité à adopter (tutoiement vs vouvoiement en français), ou la manière de s’adresser au lecteur (le ton). Assurez-vous que votre post-édition respecte ces préférences, même si elles diffèrent légèrement de ce que vous, en tant que post éditeur ou traducteur, considéreriez comme optimal d’un point de vue purement linguistique. Le respect des attentes client prime.
- Formatage et mise en page : Portez une attention particulière au formatage. Les clients peuvent avoir des exigences spécifiques concernant la mise en page (respect des balises HTML pour le web, structure des pages pour l’impression), l’utilisation des polices, la structure des titres et sous-titres, ou la présentation des listes à puces. La traduction automatique peut parfois perturber le formatage original du document source ; il est donc important que le post éditeur le rétablisse conformément aux directives. Certains logiciels aident à préserver le formatage.
- Éléments non textuels : Vérifiez le traitement des éléments non textuels. Les instructions du projet peuvent spécifier comment gérer les images, les légendes, les tableaux ou les graphiques (faut-il les traduire, les adapter, les laisser tels quels ?). Assurez-vous que ces éléments sont correctement intégrés et que leur contenu textuel (si applicable) est cohérent avec le reste du document post-édité.
- Conventions locales : Respectez les conventions spécifiques au marché cible. Certains clients peuvent demander l’utilisation de conventions locales pour les dates, les heures, les unités de mesure ou les devises. Veillez à appliquer ces adaptations de manière cohérente dans l’ensemble du document. C’est une partie importante de la localisation qui va au-delà de la simple traduction.
- Références et citations : Soyez attentif aux instructions concernant les références, les liens hypertextes et les citations. Les clients peuvent avoir des préférences quant à la manière de citer des sources ou de formater les références bibliographiques. Assurez-vous que ces éléments sont traités conformément aux directives et que les liens fonctionnent.
- Aspects légaux et réglementaires : N’oubliez pas les aspects légaux et réglementaires, surtout dans certains domaines. Il peut y avoir des exigences spécifiques concernant les avertissements, les clauses de non-responsabilité ou les mentions légales. Vérifiez que ces éléments sont correctement traduits et positionnés selon les instructions du client.
Cette étape garantit que la post-édition n’est pas seulement une correction linguistique, mais une véritable adaptation du contenu aux besoins spécifiques du client et du projet. Le post éditeur agit ici comme un éditeur final garant de la conformité.
Étape 6 : Contrôle qualité approfondi – La touche finale de la post-édition
La sixième étape du processus de post-édition est le contrôle qualité (CQ) approfondi. Cette phase est cruciale pour garantir l’excellence du document final et éliminer toute erreur résiduelle avant la livraison.
C’est le moment où le post éditeur (ou parfois un autre éditeur ou traducteur) peaufine le travail et s’assure que le texte répond aux plus hauts standards de qualité définis pour le projet (post-édition légère ou complète).
- Relecture attentive : Commencez par une relecture attentive de l’intégralité du document post-édité. Lisez le texte lentement, idéalement après une pause pour avoir un regard neuf, en vous concentrant sur chaque phrase, chaque mot. Cherchez les erreurs subtiles qui auraient pu échapper à votre attention lors des étapes précédentes : fautes de frappe, erreurs grammaticales mineures, problèmes de concordance des temps, répétitions maladroites.
- Outils de vérification automatique : Utilisez des outils de vérification automatique (correcteurs orthographiques, grammaticaux, logiciels de QA intégrés aux outils CAT), mais avec discernement. Ces logiciels peuvent être utiles pour repérer des erreurs évidentes, mais ils ne sont pas infaillibles, surtout pour les textes spécialisés, les nuances de style, ou la terminologie très pointue. Ne vous fiez pas aveuglément à ces outils, mais utilisez-les comme un filet de sécurité supplémentaire dans votre processus de contrôle qualité.
- Cohérence globale : Vérifiez la cohérence globale du document. Assurez-vous que la terminologie, le style, le ton et le niveau de langue restent constants du début à la fin. Portez une attention particulière aux longues sections de texte ou aux documents comportant de nombreuses pages, où la cohérence peut parfois se perdre, surtout si la post-édition a été effectuée sur plusieurs jours.
- Ponctuation et typographie : Contrôlez la ponctuation et la typographie une dernière fois. Les règles peuvent varier selon les langues et les pays (français vs anglais, par exemple). Vérifiez l’utilisation correcte des guillemets, des tirets, des espaces insécables, des majuscules, et autres signes typographiques spécifiques à la langue cible. Une typographie soignée contribue à la qualité perçue.
- Chiffres et données : Portez une attention particulière aux chiffres, dates, pourcentages et autres données numériques. Une erreur dans un chiffre peut avoir des conséquences graves, surtout dans les documents techniques, financiers ou scientifiques. Vérifiez que tous les nombres ont été correctement transcrits, adaptés (séparateur décimal/millier) et convertis si nécessaire.
- Liens et références croisées : Examinez les liens hypertextes et les références croisées si le document en contient. Assurez-vous qu’ils fonctionnent correctement et qu’ils renvoient aux bonnes sections ou ressources externes, et que leur libellé a été correctement traduit ou adapté si nécessaire.
- Mise en page finale : Vérifiez la mise en page et le formatage une dernière fois. Assurez-vous que la structure du document est cohérente, que les titres et sous-titres sont correctement hiérarchisés, que les sauts de page sont corrects, et que les éléments visuels sont bien intégrés au texte.
- Relecture par un tiers (optionnel) : Si le projet et le budget le permettent, faire relire le document par un collègue traducteur, éditeur ou un relecteur externe est une excellente pratique. Un regard frais peut souvent repérer des erreurs ou des maladresses que le post éditeur initial aurait manquées à force de travailler sur le texte.
- Conformité finale aux directives : Enfin, effectuez une dernière vérification de la conformité aux directives du client (checklist si fournie). Assurez-vous que toutes les exigences spécifiques du projet ont été respectées.
Cette étape de contrôle qualité est votre dernière ligne de défense contre les erreurs. Elle demande du temps et de la concentration, mais c’est un investissement indispensable pour garantir la qualité finale et la satisfaction du client. C’est une partie intégrante de la post édition professionnelle.
Étape 7 : Validation finale et livraison – L’ultime étape de la post-édition
La septième et dernière étape du processus de post-édition (PE) est la validation finale et la livraison du document.
Cette phase conclut le projet et représente votre dernière opportunité de vous assurer que le travail répond à toutes les attentes avant d’être remis au client ou à l’agence.
- Lecture finale d’expérience utilisateur : Commencez par une ultime lecture du document dans son intégralité. Cette fois-ci, essayez de le lire comme si vous étiez le lecteur final, en vous concentrant sur l’expérience globale de lecture, la clarté du message et l’impact du contenu plutôt que sur les détails techniques de l’édition. Le texte doit couler naturellement et transmettre efficacement le message voulu dans la langue cible.
- Vérification de cohérence ultime : Vérifiez une dernière fois la cohérence globale du document. Assurez-vous que le style, le ton et la terminologie restent constants du début à la fin, surtout si des modifications ont été apportées lors du contrôle qualité.
- Contrôle final du formatage : Effectuez un contrôle final du formatage et de la mise en page. Vérifiez que tous les éléments visuels sont correctement alignés, que la numérotation des pages est exacte (si applicable), que la table des matières est à jour, et que la présentation générale est professionnelle et conforme aux attentes du client.
- Préparation des livrables : Assurez-vous que tous les fichiers annexes ou ressources supplémentaires demandés par le client sont inclus et correctement nommés. Cela peut inclure des glossaires mis à jour, des mémoires de traduction enrichies par la post-édition, des fichiers bilingues si requis, ou des notes explicatives du post éditeur.
- Format et modalités de livraison : Préparez le fichier final pour la livraison selon les spécifications du client. Certains clients ou agences peuvent demander des formats de fichier spécifiques (ex: clean, avec suivi des modifications, format bilingue pour certains logiciels), ou des modalités de livraison particulières (via un portail, email, FTP). Assurez-vous de respecter ces exigences à la lettre.
- Note explicative (optionnel) : Si le projet s’y prête, envisagez d’inclure une brève note avec votre livraison. Vous pouvez y mentionner des choix de traduction ou de terminologie particuliers que vous avez faits, des difficultés spécifiques rencontrées avec la traduction automatique initiale (qui pourraient aider à améliorer le moteur MT), ou des suggestions pour optimiser le processus lors de futurs projets de post-édition.
- Respect des délais et instructions finales : Avant l’envoi final, vérifiez une dernière fois que vous avez bien respecté tous les délais et les instructions spécifiques du projet. Une livraison ponctuelle et conforme aux attentes est tout aussi importante que la qualité du travail de post-édition lui-même.
- Archivage : Enfin, archivez une copie du projet terminé (source, TA brute, version post-éditée, ressources associées) pour vos propres dossiers. Cela peut être utile pour des références futures, pour assurer la cohérence sur des projets ultérieurs, ou en cas de questions ultérieures du client.
Cette ultime étape clôture le cycle de la post-édition et assure une transition fluide vers l’utilisation finale du document traduit.
Conclusion : Post éditeur, un métier d’avenir alliant humain et machine
La post-édition en traduction est bien plus qu’une simple correction ; c’est un métier et un art qui allient la puissance de la technologie (traduction automatique, MT, machines) à l’intelligence et l’expertise humaine du post éditeur (souvent un traducteur spécialisé).
À travers ces sept étapes essentielles, nous avons exploré un processus rigoureux qui transforme une traduction automatique brute, issue de moteurs comme Google Translate, Bing Translator ou des systèmes plus sophistiqués, en un document de qualité professionnelle.
Chaque étape joue un rôle crucial dans ce processus d’édition :
- L’analyse initiale pose les bases d’une stratégie de PE efficace.
- La correction des erreurs de sens garantit la fidélité du contenu.
- L’amélioration de la fluidité et du style rend le texte naturel dans la langue cible.
- La vérification de la terminologie assure la précision dans les domaines spécialisés.
- La conformité aux directives répond aux attentes spécifiques du projet.
- Le contrôle qualité approfondi élimine les erreurs résiduelles.
- La validation finale et la livraison concluent le processus de manière professionnelle.
Il est important de souligner que ces étapes ne sont pas toujours strictement linéaires. Un bon post éditeur naviguera souvent entre ces différentes phases, ajustant et peaufinant le texte de manière itérative, en utilisant des logiciels adaptés.
La distinction entre post-édition légère et post-édition complète détermine le niveau d’effort et de qualité visé pour chaque projet.
Le métier de post éditeur requiert une combinaison unique de compétences : solides bases en traduction, expertise linguistique dans les langues source et cible, connaissance des domaines traités, maîtrise des outils technologiques (MT, CAT tools, logiciels de QA), rigueur méthodologique, et une excellente capacité d’édition.
Il demande aussi une bonne compréhension des forces et des limites de la traduction technique automatique (machine translation ou automatic translation), ainsi qu’une capacité à s’adapter aux besoins spécifiques de chaque projet, souvent géré par des agences de traduction.
En fin de compte, la post-édition (post editing ou PE) est un processus créatif et analytique qui tire parti des avantages de la technologie (MT) tout en y ajoutant la valeur irremplaçable de l’intelligence humaine.
Elle permet de produire des traductions de haute qualité, adaptées aux besoins spécifiques de chaque client, pour un large éventail de contenus et de documents, sur de nombreuses pages, et ce, de manière plus efficace.
Dans un monde où la communication multilingue et la quantité d’informations à traduire ne cessent de croître, la post-édition professionnelle et le post éditeur jouent un rôle crucial dans la transmission précise, nuancée et efficace des messages à travers les barrières des langues.
C’est une évolution majeure du métier de traducteur et une composante essentielle de l’industrie de la la traduction aujourd’hui.