Les erreurs courantes en interprétariat et comment les éviter
9 juillet 2025Contrairement au célèbre adage « les paroles s’envolent, les écrits restent », les erreurs courantes en interprétariat ne sont pas sans conséquences, et leur impact peut être immédiat et durable pour les usagers comme pour les clients. L’interprète sert de truchement oral pour des propos d’une importance primordiale. Sa responsabilité est lourde, et les erreurs potentielles le sont tout autant.
Si ces erreurs peuvent certes varier en nature et en gravité, nous verrons dans cet article les plus fréquentes et la manière de les éviter.
Les erreurs avant l’interprétariat
Erreur n°1 : accepter une mission dans une mauvaise combinaison linguistique
L’une des premières erreurs qu’un interprète puisse commettre se produit avant même le début de sa mission. Lorsqu’une mission d’interprétariat, quels qu’en soient le mode, le contexte et la nature, est confiée à un interprète, ce dernier doit impérativement refuser de l’accepter si la ou les langues cibles (dans le cas d’une mission bidirectionnelle) ne correspondent pas à sa langue A ou B. En effet, chaque interprète dispose d’une combinaison linguistique propre, composée de langues classées A, B et C. En général, la langue A est sa langue maternelle, vers laquelle il travaille le plus souvent ; la langue B est une langue maîtrisée à un niveau natif, depuis laquelle il peut également travailler ; et enfin, la langue C est une langue dont la maîtrise peut être moindre comparée aux deux premières.
Accepter une mission d’interprétariat vers sa langue C est donc une erreur. Les professionnels travaillent quasi exclusivement vers leurs langues actives, c’est-à-dire principalement les langues A et, dans une moindre mesure, B. La langue C est en général une langue passive.

Erreur n°2 : le manque de préparation
Une autre erreur à proscrire est de ne pas se préparer, ou de ne pas se préparer suffisamment, pour la mission. Mener une mission sans aucune préparation revient à aller à la plage sans maillot de bain. L’importance de la préparation est capitale : une mission bien préparée est souvent une mission réussie, et inversement. La préparation est le moyen pour l’interprète de s’imprégner du contexte de sa mission, de se familiariser avec les thématiques abordées, les intervenants et le jargon qui sera utilisé. Autant d’éléments primordiaux qui faciliteront grandement sa tâche et contribueront à la qualité et au succès de son intervention.
Erreur n°3 : un domaine de spécialisation inadapté
L’interprète pourrait encore commettre l’erreur d’accepter une mission qui ne relève pas de son domaine de spécialisation ou, autrement dit, de ses compétences. Chaque mission d’interprétariat a lieu dans un contexte précis et se rapporte à un domaine particulier : diplomatie, commerce, technologie, administration, et bien d’autres encore. Accepter une mission qui ne relève pas de ses compétences est une erreur qui peut coûter cher, tant à l’interprète qu’à son client. Plus le domaine d’intervention et le contexte sont pointus, plus il sera difficile pour l’interprète d’assurer une prestation exacte, fidèle et cohérente.
Erreur n°4 : ne pas tester le matériel technique
Par ailleurs, les interprètes de conférence ne doivent pas oublier de tester le matériel d’interprétariat, que ce soit en cabine ou à distance. Effectuer ces tests en amont de la mission est une étape à ne pas négliger. Chez AFTraduction, par exemple, nous nous assurons d’effectuer des tests de connexion pour nos prestations d’interprétariat par visioconférence ou de faire intervenir l’un de nos techniciens sur place pour vérifier le matériel en cabine (microphone, son, casque, canaux, relais, etc.).

Les erreurs au cours de l’interprétariat
Ce ne sont là que quelques-unes des erreurs les plus courantes et les plus importantes à éviter en amont des interventions. Mais qu’en est-il des erreurs commises au cours de l’interprétariat ? Elles sont tout aussi préjudiciables et peuvent avoir des conséquences tout aussi graves.
Erreur n°5 : le manque de concentration et l’omission
L’un des éléments les plus importants lors d’une mission est la concentration. Un manque ou une absence de concentration peut nuire gravement à la prestation et compromettre les enjeux de la communication. L’interprète professionnel doit faire preuve d’une concentration accrue afin de s’assurer de ne manquer aucune miette du discours qu’il est censé interpréter. Un simple laps de déconcentration, et une subtilité, voire une idée principale, se perd.
L’omission peut certes être une technique de traduction en soi, mais si elle n’est ni intentionnelle, ni justifiée, ni motivée, elle est considérée comme une erreur grave. Un discours est une suite d’unités de sens qu’un interprète professionnel doit savoir repérer, décortiquer, mais surtout restituer fidèlement, naturellement et fluidement. La déconcentration résultant souvent en des omissions, ces deux erreurs sont liées et doivent être évitées.
Erreur n°6 : une prise de notes défaillante
Parmi les techniques indispensables dans l’arsenal de l’interprète figure la prise de notes. Certes, l’interprète est réputé pour sa mémoire d’éléphant, mais face à un contenu de plus en plus technique, des prises de parole rapides, un flux d’informations important ou une langue dont la structure et la logique diffèrent diamétralement de la langue source, la prise de notes est son alliée idéale. La prise de notes peut cependant être source de problèmes : soit l’interprète oublie de noter une information capitale, soit il la note de manière erronée et la restitue faussement, soit sa technique n’est pas assez développée et il se trouve incapable de retrouver l’information au moment opportun.
Erreur n°7 : le conflit d’intérêts non signalé
Il peut aussi arriver qu’un interprète constate, au début de son intervention, la survenance d’un conflit d’intérêts. Par exemple, s’il apprend que la personne pour laquelle il traduit est un ami ou un membre de sa famille, la déontologie et le professionnalisme dictent qu’il doit signaler ce conflit et se retirer. En effet, son impartialité et sa neutralité pourraient en être compromises.
Erreur n°8 : le manque de neutralité et d’impartialité
À ce titre, le manque de neutralité, d’impartialité et d’objectivité est une erreur fondamentale. Ces qualités sont, entre autres, celles qui distinguent l’interprète professionnel de l’amateur. Porter un jugement, donner son opinion personnelle ou interpréter de manière à nuire au bénéficiaire est un crime de lèse-majesté en interprétariat. Qu’un Ukrainien traduise pour un Russe, un Palestinien pour un Israélien, ou un hétérosexuel pour un homosexuel, absolument aucune influence ne saurait entacher la conscience professionnelle, la rigueur et l’impartialité de l’interprète.
Erreur n°9 : les erreurs de sens (non-sens, contresens et faux-sens)
En traduction, il existe également des erreurs courantes qui peuvent être transposées à l’interprétariat.
Premièrement, et par ordre de gravité, on trouve le non-sens. Cette erreur consiste à produire une interprétation sans logique ni cohérence.
En deuxième position, vient le contresens. Traduire ou interpréter le contraire de ce qui est dit est une faute grave.
Sur la troisième marche du podium, on trouve le faux-sens, qui, bien que moins grave, implique une erreur sur la signification d’un terme.
Les erreurs après l’interprétariat
Nous avons vu jusqu’ici quelques erreurs commises en amont et pendant l’intervention. Mais quelles sont celles à ne pas commettre après la mission ?

Erreur n°10 : violer le secret professionnel
De par son métier, l’interprète est souvent le réceptacle d’informations confidentielles. Sa conscience professionnelle, le code de déontologie et le contrat qui le lie à son agence lui imposent un respect religieux de la confidentialité, et ce, même après sa retraite. Divulguer des informations dont il a eu connaissance dans l’exercice de son métier est une erreur gravissime.
Erreur n°11 : manquer à son devoir de réserve
La neutralité dont doit faire preuve l’interprète se poursuit même après la fin de son intervention. Émettre des jugements, des commentaires ou des opinions personnelles sur le contenu de la mission ou sur les intervenants, que ce soit publiquement ou en privé, est une erreur à éviter absolument. Tout contact avec les clients ou les participants en dehors du cadre professionnel est à proscrire.
Erreur n°12 : exploiter les informations à des fins personnelles
L’exploitation des informations obtenues lors de la mission à des fins personnelles ou commerciales est également interdite, comme démarcher directement un client alors que le mandant est l’agence d’interprétariat.
Erreur n°13 : ne pas signaler une erreur commise
S’il arrive qu’une erreur grave se soit glissée durant une séance, ce serait une autre erreur de ne pas la signaler au client sans délai.
Erreur n°14 : refuser la critique et l’auto-évaluation
Enfin, l’interprète est un être humain qui doit savoir se remettre en question, s’auto-évaluer et entendre les retours concernant ses prestations. Cela lui permettra d’identifier ses axes d’amélioration, sans pour autant blâmer publiquement les autres participants.
En résumé
L’interprète doit faire preuve de discrétion, de neutralité et de professionnalisme, tout en respectant scrupuleusement le secret professionnel et en évitant toute forme d’exploitation des informations obtenues lors de sa mission.

Conclusion
Le métier d’interprète est pour le moins semé d’embûches, avec des erreurs qui peuvent être commises avant, pendant et après chaque intervention. Chez AFTraduction, nous sommes convaincus que le métier d’interprète est l’un des plus exigeants qui soient, requérant une vigilance de tous les instants. Les erreurs que nous avons relevées dans cet article touchent aux compétences intrinsèques de l’interprète mais aussi à la déontologie d’un métier qui, bien que non réglementé, devrait et doit être exercé exclusivement par des professionnels formés, compétents, passionnés et dévoués.